« Quand je monte sur scène, je ne suis pas en mode « pensée positive » en me disant que je ne ferai aucune erreur, que je vais être parfait, confiant, à l’aise… Non, je me dis : « Quoi qu’il arrive, ce sera parfait pour moi. » 

QU'EST-CE QUE LA CONFIANCE EN SOI?

J’aime bien la définir à deux niveaux. Il y a une confiance en soi qui est conditionnelle, que tu acquiers avec la répétition. Par exemple, si tu fais beaucoup de conférences, avec le temps ça devient de plus en plus facile. Tu es rodé, ton système nerveux possède un automatisme, des attitudes et une façon de fonctionner qui font qu’il y a moins d’inconnu pour toi. Tu es plus en confiance. Ce premier niveau tu l’acquiers en réduisant la dose d’inconnu. Ce n’est pas que tu n’as plus peur, c’est juste qu’il te faut aller plus loin pour avoir peur. L’inconvénient de cette confiance, c’est que si on te met dans une situation que tu ne connais pas, tu te retrouves à la case départ.

Il y a un 2e niveau de confiance, lui, qui s’acquiert durant toute notre vie, c’est un chemin. C’est la confiance inconditionnelle qui, pour moi, s’accompagne d’une confiance en quelque chose qui est supérieur à nous. Comme le disait Steve Jobs, l’important c’est de croire en quelque chose qui est plus grand que soi : la vie, l’univers, la science… Ça te permet d’aller chercher de l’énergie au-delà de toi, de te dire : « Je vais peut-être échouer, mais j’ai confiance que quelque chose qui est plus grand que moi me fait vivre exactement ce qui est juste et bon pour moi. Quoi qu’il arrive, ça me fera grandir. »

La peur de l’échec devient plus facile à vivre

Généralement, les gens ont très peur des échecs, de l’erreur ou de l’imperfection. Mais souvent, quand je leur demande de faire la liste de leurs réussites, ils réalisent que chacune d’elle a été possible grâce à des erreurs, des échecs, des imperfections, des critiques…

Tu ne peux pas réussir sans passer par l’échec, tu ne peux pas te perfectionner sans passer par l’erreur. Michael Jordan a longtemps eu le record de paniers échoués.

Quand je monte sur scène, je ne suis pas en mode « pensée positive » en me disant que je ne ferai aucune erreur, que je vais être parfait, confiant, à l’aise… Non, je me dis : « Quoi qu’il arrive, ce sera parfait pour moi. » Mais pas parfait en mode « non-erreur ». Si ça se trouve, je vais m’écrouler de peur sur scène et ce sera peut-être le plus beau cadeau que je puisse faire aux gens dans la salle. Peut-être qu’en me voyant ils se diront : « Si David peut avoir peur, c’est normal que j’aie peur moi aussi. »

On reste toujours un être humain…avec des moments de doute

Oui et c’est ce qui est extraordinaire. J’adore la vulnérabilité. Pour moi c’est un paradoxe.

Au moment où tu embrasses cette partie « faible » de toi, qui est vulnérable, qui a peur, qui ne sait pas si elle va faire des erreurs. Là où ton cœur explose, tu goutes à la vraie confiance.

C’est pourquoi je parlais des deux types de confiance. Le premier est mécanique. Il s’obtient par la pratique. Mais il y a une grande différence entre la confiance mécanique et celle où je m'autorise à être vulnérable. Ce n’est pas réconfortant de dire que j’ai peur, que je doute. Je préfèrerais faire semblant d’être un héros. Mais c’est quand je suis dans cet espace de vulnérabilité que mon cœur s’ouvre et que je vis mes plus belles expériences sur la scène.

Pour moi, le plus beau jour de notre vie c’est quand on réalise que les parents qu’on a eus, ou qu’on n’a pas eus, que le corps qu’on a, ou qu’on n’a pas, tout est parfait pour nous. Quand tu te lèves le matin et que tu te dis « mes parents, comme ils ont été, avec leurs présences et leurs absences, avec ce qu’ils ont dit ou pas dit, fait ou pas fait, ils ont été parfaits pour m’aider à faire de moi qui je suis aujourd’hui, ce qui me permet de faire ce que j’ai envie de faire ». Quand tu touches à ça, tu es invincible et tu arrêtes de vouloir être quelqu’un d’autre. Ça donne envie de mettre ça au service de l’humanité, d’en faire une fondation, un livre, un business, peu importe. Tu réalises que tout a été et tout sera toujours parfait.

Tout converge à nous amener vers ce pour quoi nous sommes ici sur Terre…

Oui! Celui qui se lève le matin en se disant : « J’ai eu de mauvais parents, un mauvais passé, je n’ai pas eu de chance… », son énergie est à 2 sur 10, sa créativité aussi.

Le futur est influencé par les croyances que tu entretiens face à ton passé.

Quelqu’un qui croit que son passé était mauvais aura beaucoup de mal à imaginer un futur magique. La clé? C’est de réécrire son passé, de se demander en quoi ce passé, qui me paraissait mauvais, est finalement une ressource pour moi. Au moment où tu arrives à te dire que ce professeur qui t’a fait souffrir, en fait il t’a fait grandir; que ta maman qui était parfois absente t’a appris à être seul et bien avec toi-même; que ton père qui ne t’a pas dit qu’il était fier de toi, t’a appris à être toi-même fier de toi. Quand tu arrives à voir ça, c’est facile d’imaginer ton futur magique parce que tu vois de la magie dans ton passé.

Certaines personnes sont constamment en révolution et la révolution est à l’opposé de l’évolution. L’évolution c’est de prendre ce qui était magique dans mon passé et de l’intégrer à ce qui m’a manqué. Je ne suis plus en train de nier ou de vouloir oublier ce que je suis ou ce que j’étais. Je réunis les deux.

BÂTIR SA CONFIANCE

On ne perd pas de temps à se victimiser, on reprend le pouvoir de notre vie.

Imagine-toi dans 10 ans devant 20 personnes qui vivent le même défi que tu as vécu et que tu as réussi à transformer. Et là, tu vois dans leurs yeux que tu les inspires. À ce moment-là, est-ce que tu considères que ce qui s’est passé était un problème ou une opportunité? Chaque fois que je vis un défi, je remets mon chronomètre à zéro et je me pose la question suivante : « Combien de temps tu vas mettre pour réaliser que ce que tu es en train de vivre peut être un cadeau? » On peut créer de la magie pour soi et pour les autres à partir de tout ce qui nous arrive!

Avant, j’étais hyperimpatient. Comme je n’étais pas heureux dans ma vie, j’utilisais mon imagination pour me sortir de ma vie. Mais je n’étais jamais « présent ». Je me disais tout le temps que tout serait extraordinaire plus tard. Aujourd’hui, j’utilise toujours mon imagination, mais je reste bien présent et je remercie la Vie d’avoir la vie que j’ai.

Peut-on aider une personne à nourrir cette confiance en elle-même?

Il y a deux phrases de Gandhi que j’adore : « Ma vie est mon message. » Nous devons incarner ce qu’on veut transmettre. D’où sa deuxième phrase : « Incarnez le changement que vous voulez voir dans le monde. »

Être un exemple…

Oui, mais sans ne jamais rien imposer aux autres. Être juste qui on est. En entreprise, si un cadre est trop en mode « exemple », il empêche inconsciemment les gens de se révéler. Parfois, en tant que parent, cadre ou entrepreneur, sans s’en rendre compte, on projette notre système de valeurs sur les autres et il se peut que des personnes dévient de leur chemin pour emprunter le nôtre.

Voici l’exemple de ma mère. En me regardant faire, elle a décidé de démissionner et de créer sa propre entreprise. C’était son rêve depuis 20 ans. J’ai été touché quand elle m’a écrit ce petit mot : « Je démissionne, je vais réaliser mon rêve, tu m’inspires, mon fils. » Mais sans m’en rendre compte, j’étais en train de projeter mes valeurs sur elle. Récemment, je lui ai dit : « Maman, passe plus de temps dans ton jardin. » Elle rayonne chaque fois qu’elle passe du temps dans son jardin. Ce qui n’est pas mon cas. Elle était en train de se priver de son jardin pour passer plus de temps dans son entreprise, comme moi. Je lui ai dit : « Si tu passes du temps dans ton jardin, tu vas voir les affaires fleurir, si tu te prives de ce qui te nourrit, tu vas t’éteindre. »

Elle s’était oubliée pour appliquer ton modèle?

Tu vois, moi j’ai toujours eu beaucoup de difficulté à ralentir. J’ai tendance à me juger quand je suis feignant. Mais ça, c’est mon rythme à moi. On doit vivre en accord avec ses valeurs et aimer l’autre même s’il vit à l’opposé de nos valeurs. Je crois aussi qu’on s’attire les enfants qu’on a pour apprendre à aimer, en nous, ce qu’on n’aime pas encore. On s’attire les enfants, la femme, le mari, les amis qui ont pour but de nous équilibrer et de nous aider à nous aimer.

Consciemment, on est attiré par les points communs de l’autre, mais inconsciemment on attire à nous ce qu’on rejette et qu’on a besoin d’apprendre à aimer. Et qui de mieux que nos enfants pour apprendre à aimer? La société a une notion d’amour qui est un amour « confortable », l’amour clinquant… Mais l’amour véritable, c’est quand tu aimes l’ombre et la lumière.

Quel impact cette compréhension a-t-elle eu sur ton couple?

Le jour où j’ai compris ça, ça a changé mon couple et ma relation avec ma chérie. J’avais seulement appris la « belle notion » de l’amour : tu aimes ce qu’elle est, tu aimes la beauté, tu aimes ses valeurs… Mais le jour où j’ai compris que le but d’un couple n’était pas de vivre uniquement du confort, mais aussi de l’inconfort, ça a cassé mon fantasme du couple.

Le but d’un couple c’est de te faire grandir, d’apprendre à aimer en toi ce que tu n’aimes pas encore.

Parfois, je jugeais ma chérie parce que je la trouvais feignante, mais en fait elle ne l’était pas. Elle l’était seulement selon mes perceptions, moi qui étais toujours dans l’extrême à courir, courir, courir; à ne pas respecter mon corps, à pousser toujours plus loin…

Je devais apprendre à ralentir et réaliser que tout ce que je jugeais chez elle, au lieu de vouloir qu’elle le change, j’avais juste à apprendre à l’aimer. Ç'a été extraordinaire pour moi-même, pour notre relation, pour elle, et ça m’aide encore au quotidien.

Un vrai couple est équilibré d’une façon qui est presque magique. Tu te retrouves avec la personne qui a les traits de caractère dont tu as besoin pour apprendre et trouver ton propre équilibre. Le but de la vie, pour moi, c’est d’apprendre à tout aimer, mais pas aimer juste en « mode confort », aimer dans le sens j’aime aussi bien les côtés plus lumineux que les côtés plus sombres; j’aime les deux parties de moi, les deux parties de toi, les deux parties des gens…

La base demeurera toujours l’amour de soi… On n’y échappe pas!

C’est sûr. La confiance est étroitement liée à ton estime de toi et ton estime de toi est étroitement liée à l’amour de soi. Tu peux acquérir une confiance conditionnelle par la répétition, c’est déjà super, mais si tu arrives à aimer ta vie, aimer ton corps, à t’aimer tel que tu es, avec ton ombre et ta lumière, à aimer les autres avec leur ombre et leur lumière, là tu acquiers une confiance inconditionnelle, une véritable estime de qui tu es, comme tu es.

QUI EST DAVID LAROCHE ?

David Laroche est coach, conférencier international et formateur. Il a fait du développement de la confiance en soi, de la communication et du leadership ses champs de prédilection Il intervient auprès des particuliers et des entreprises pour leur partager des outils concrets orientés sur les résultats. Son crédo : l’action! . 

Il est passionné par tout ce qui a trait à l’excellence humaine, en particulier la programmation neurolinguistique, l’ennéagramme et l’hypnose. Pourquoi certains réussissent mieux que d’autres ce qu’ils entreprennent? C’est la question qui l’habite au quotidien.

Ancien timide, il a trouvé les moyens de changer sa vie et d’aider des milliers de personnes qui voulaient changer la leur. En toute authenticité, il partage aujourd’hui avec nous sa vision et les clés qui lui ont permis de développer sa confiance et d’avoir le courage d’être qui il est.