En tant que parent, apprenons, non pas à aimer plus, car ce serait difficile à concevoir, mais apprenons à aimer mieux nos enfants. Et si l’art d’être un bon parent ne reposait pas sur nos compétences, mais sur la façon dont on gère nos peurs? Et si on apprenait à dompter nos peurs pour que ce ne soient pas elles qui nous maîtrisent?

Ce sont souvent nos peurs qui nous empêchent d’élever nos enfants. Élever, c’est faire progresser, construire l’être, agrandir l’estime, créer plus de bien-être, se rapprocher...au lieu d’abaisser.  La peur abaisse, juge, blâme, cherche un coupable, punit et nous éloigne, faisant souvent de nous des adversaires. Le problème n’est pas le manque d’amour, mais bien la présence envahissante de nos peurs. La peur de mal faire, que le comportement dérangeant de mon enfant persiste, qu’une difficulté dégénère, de perdre ma crédibilité, d’être jugé par l’enseignant, la belle-famille.

  • La peur de perdre le contrôle nous transforme en parent autoritaire qui impose, donne des conséquences démesurées, resserre le contrôle et dirige sans tenir compte de l’enfant. L’enfant n’apprend donc pas à s’affirmer ou apprend à le faire en se rebellant.
  • La peur de perdre l’amour de l’enfant ou de le brimer nous transforme en parent permissif, qui laisse faire et laisse l’enfant décider à notre place. L’enfant n’apprend donc pas à tenir compte de l’autre et à s’encadrer.
  • La peur de voir nos enfants souffrir nous transforme en parent surprotecteur, qui faisons à la place de l’enfant, l’empêchant d’expérimenter et de faire face à ses difficultés pour développer sa force de caractère et sa résilience.
Comme Marc Favreau (Sol) le disait si bien : « Il est plus facile pour les parents d’élever la voix que d’élever ses enfants » 

Observons notre façon d’écouter nos enfants.

Quand notre enfant s’exprime, nous avons bien souvent du mal à l’écouter, submergés par nos peurs, nos doutes et nos propres perceptions. En revenant de l’école, Frédéric s’exclame avec fracas : « Je déteste ma prof, je ne veux plus aller à l’école! »

Avec ma peur, je lui réponds : « Qu’est-ce que tu as fait encore! Si ta prof t’a chicané, elle devait avoir une bonne raison! Que tu aimes l’école ou non, tu devras y retourner. Je n’aime pas mon patron et chaque matin, je vais travailler quand même! »  Ou.  « Ah mon dieu, pauvre toi, qu’est-ce que ta prof a bien pu faire? Je vais aller rencontrer la direction et te changer de groupe. L’année ne peut pas commencer comme ça! »

Dans aucun des cas, nous n’écoutons notre enfant. Face aux difficultés qui nous assènent, le meilleur remède est une paire d’oreilles attentives, un cœur ouvert et un accueil sans jugement. Ne tentons pas d’interférer dans sa perception. Donnons-lui plutôt le droit de ressentir pleinement les émotions qui émergent pour lui permettre de s’en libérer en nous les confiant.

Sur un ton empathique, je peux lui donner différentes réponses telles que : « Je sens que tu es très en colère. S’est-il passé quelque chose? » « Tu veux m’en parler? » « Tu as l’impression d’avoir été injustement puni? » « Tu crois que ce serait plus facile de ne plus aller à l’école, ainsi tu n’aurais plus à côtoyer ton enseignante? »

Je ne succombe pas à la tentation de trouver des solutions à sa place, mais je l’aide à puiser en lui et à trouver ses propres ressources : « Que peux-tu faire pour te sentir mieux? » « Et si tu ressens encore de l’injustice, qu’est- ce que tu pourrais faire ou dire? » « Veux-tu qu’on écrive une lettre à ton enseignante ensemble? »

Je peux accueillir le ressenti de mon enfant sans nécessairement être d’accord avec lui ou partager son point de vue. Écouter ne veut aucunement dire céder. Je sais très bien que mon enfant retournera à l’école demain, mais en le laissant exprimer son ressenti et sa perception, il y retournera sans doute plus léger, plus calme et plus solide.

Découvrons la puissante de l'amour véritable

Nous ignorons encore la puissance de l’amour véritable, celui qui accepte, accueille, écoute, sécurise, encadre avec fermeté bienveillante et tiens compte de la perception de l’autre. Alors, comment être plus aimants? Afin de se rapprocher de l’amour, je dois m’éloigner de la peur. La première étape consiste simplement à devenir plus conscient.

On cherche souvent à régler le problème chez nos enfants, à les réparer. Et si la faille se trouvait majoritairement dans notre approche?

Et si nous utilisions notre pouvoir exactement là où il se trouve, en nous. Le parent conscient reconnaît sa peur, évite de la projeter sur son enfant. Il s’observe en toute honnêteté pour lâcher prise à ses réactions négatives et apprend de ses erreurs au lieu de se juger.

Qu’est-ce qui est monté en moi en lisant ce texte?

Un sentiment de culpabilité, d’être inadéquat et d’avoir tout gâché? Alors je l’ai lu avec mes peurs. Si je lis ce texte avec l’amour, je serai reconnaissant de ces nouvelles prises de conscience qui me permettront de me transformer, une pensée, une parole et un geste à la fois. Je m’élèverai et pourrai enfin élever mes enfants.

Notre rôle ne consiste pas à faire de nos enfants des êtres parfaits, mais des enfants plus solides, mieux dans leur peau et plus aimants. Et ces attributs se transmettent par une relation parent-enfant saine, qui est source de bien-être, où chaque expérience amène un nouvel apprentissage, où chaque conflit devient une occasion de mieux s’écouter et de se comprendre et de trouver des solutions ensemble au lieu de chercher des coupables.

Pour créer l’harmonie, observons toutes nos attitudes qui nous en éloignent.

Observons nos pensées de jugement « Il fait exprès, il me cherche, il n’a aucun respect! » et cessons de les alimenter. Arrêtons d’être détecteurs de fautes et devenons détecteurs de besoins : « De quoi a-t-il besoin pour agir ainsi? » Observons nos paroles insécurisantes, décourageantes et refusons-les. Observer, c’est choisir. Ne laissons plus nos émotions nous dicter nos interventions, reprenons notre pouvoir en faisant de nouveaux choix, en ayant un but véritable en perspective, s’épanouir ensemble et s’aimer mieux.