Être abandonné ou se sentir abandonné, c’est souvent croire que l’on n’a pas reçu ce que l’on était en droit d’attendre, c’est parfois faire porter le blâme des circonstances ou en vouloir aux personnes significatives qui n’ont pas été ce que l’on aurait désiré. C’est donner beaucoup d’importance aux circonstances extérieures et trop peu à ses propres ressources.
L’estime de soi, ce bien précieux, comprend deux aspects complémentaires : d’une part, la perception d’une compétence personnelle et, d’autre part, la conviction intime d’avoir de la valeur en tant que personne.
Suis-je digne d’être aimé?
Malheureusement, lorsqu’on a été abandonné dans son enfance, ou que l’on s’est senti abandonné en tant qu’adulte, on peut ne pas se sentir respecté ou digne d’être aimé et de ce fait, ne pas développer une bonne estime de soi. Cette vision de sa propre histoire comme une série de manques peut amener une personne à stagner dans son évolution pendant des années, sans comprendre ce qui la freine. Chaque jour qui passe détruit un peu plus son estime d’elle-même, car elle est consciente de son incapacité à sortir de sa situation et à vivre plus pleinement.
Se libérer de la blessure d’abandon peut commencer par un travail sur l’estime de soi. Virginia Satir, l’une des fondatrices du mouvement de thérapie familiale écrivait : « Une personne ayant une mauvaise estime d’elle-même a développé un style de vie auquel elle s’est habituée. C’est comme un habit familier. Il n’est ni beau, ni confortable, mais il est là, on peut compter sur lui! » Pour elle, c’est là une des raisons de la difficulté qu’éprouvent certains adultes à développer une meilleure estime d’eux-mêmes. Alors que faire pour réussir?
Ouvrir tout grand les yeux!
La première étape est la prise de conscience, la reconnaissance de la réalité. Lorsque cette prise de conscience a lieu, il convient alors d’examiner les messages reçus dans l’enfance, messages que nous avons si bien intégrés qu’ils sont devenus constitutifs de notre estime de nous-mêmes et que nous nous les répétons sans cesse, par exemple : tu es stupide, tu n’y arriveras jamais, personne ne s’intéressera à toi, tu n’es pas important, tu n’es pas digne d’être aimé. Ces messages sapent l’estime de soi et aggravent la blessure d’abandon.
L’un des moyens de changer la situation consiste à noter ces messages et les changer en positif. Chaque fois que l’on va dire : « Je suis tellement stupide, je n’y arriverai jamais ! », on s’arrête et on dit : « Je crois que je n’ai pas encore trouvé la bonne solution! », ou encore « Je suis sûre que je vais trouver un moyen de résoudre ce problème! » Lorsque vient le message : « Tu n’es pas digne d’être aimée », on le remplace par : « Je suis un être unique et aimé de l’univers entier! »
Ce dialogue intérieur est d’une grande importance pour la création ou la restauration de l’estime de soi. Il forme ce qu’on nomme la communication interne. Lorsque celle-ci s’améliore, la communication externe, c’est-à-dire la relation aux autres, se modifie aussi. Lorsqu’on s’apprécie, qu’on se respecte, les rapports avec les autres changent. Il devient possible de s’affirmer, de demander ce dont on a besoin d’une manière directe, de poser des limites lorsque cela est nécessaire, d’oser dire non. Le fait de communiquer positivement favorise l’estime de soi.
Faire la part des choses
Une troisième étape concerne les pensées erronées que nous abritons, par exemple le fait de penser en termes de tout ou rien! Rien dans la vie n’est totalement noir ou totalement blanc! Dire : « Je suis tellement maladroit, je ne fais jamais rien de bien », c’est faux. Il y a certainement des occasions où cette personne fait de bonnes choses. Simplement, elle ne s’en souvient pas à ce moment-là. Ce genre de phrase est à éviter. Il en est de même des généralisations abusives comme : « Je n’ai jamais eu de chance dans la vie! » Filtrer les informations pour ne retenir que ce qui est négatif, ou encore minimiser ses compétences et exagérer ses manquements sont d’autres moyens d’endommager son estime de soi.
Tourner la page…
On doit aussi apprendre à « prendre le contrôle de sa vie ». Accepter, enfin, que le père Noël n’existe pas! Personne ne viendra nous sauver de notre responsabilité. Les circonstances de notre enfance ou de notre vie ont pu avoir été difficiles, nous aurions aimé avoir un parent aimant et compétent et cela n’a pas été le cas? La seule voie positive est d’accepter cette expérience au lieu d’espérer un hypothétique passé pour avoir une autre enfance.
Il y a un travail de deuil à faire. Les circonstances sont ce qu’elles sont, elles ne seront jamais ce que l’on aurait souhaité qu’elles soient. Si on a passé quarante ans avec un conjoint abusif, on ne peut pas effacer ces quarante années. Par contre, on peut chercher les pépites d’or dans les scories de l’histoire et se féliciter d’être encore là, conscient, vivant et ouvert à autre chose. Être un survivant, un résilient, et décider de devenir le meilleur compagnon possible pour soi-même, c’est contribuer à guérir les blessures d’abandon.
Honorer les valeurs que l’on porte
On peut aussi augmenter son estime de soi-même en honorant ses convictions. Cela signifie de se donner le droit d’intégrer ses propres valeurs, ses croyances et son idéal dans sa vie quotidienne et dans son comportement, même si cela ne plait pas à certains proches. Honorer ses convictions, c’est être cohérent, c’est tenir parole, c’est être en accord avec ses valeurs morales et éviter les compromis douteux. Plus on est cohérent et plus l’estime de soi augmente. Développer la gratitude est aussi un excellent moyen de développer l’estime de soi. Devenir conscient de tout ce que la vie nous apporte, exprimer cette gratitude aux gens qui nous entourent, à Dieu et à l’Univers, c’est se sentir comblé et en interdépendance avec tout ce qui nous entoure.
J’aime être qui je suis!
Finalement, augmenter son estime de soi et guérir ses blessures d’abandon, c’est développer en soi la capacité d’être compatissant, de se tourner vers les autres, de chercher à les soulager. Un proverbe américain nous dit : « Lorsqu’on est tout emballé en soi-même, on est un bien petit paquet! » Au contraire, l’ouverture aux autres, être à l’écoute de leurs difficultés et avoir envie de les aider permettent de se sentir toujours plus vivant, toujours mieux dans sa peau et d’avoir une bonne estime de soi. Ainsi, chaque matin, on peut me dire : « Je suis digne d’être accepté et aimé comme je suis, ici et maintenant. Je m’aime et je m’accepte, je décide de vivre pleinement dès aujourd’hui. »