Nous savons que le risque de suicide est plus faible chez les personnes mariées et qu’il augmente chez les célibataires, les divorcés, les séparés et les veufs, surtout chez les hommes dans une proportion de 4 pour 1. Mais saviez-vous que les personnes heureuses en couple vivent plus longtemps et en meilleure santé que les personnes malheureuses en ménage ?

C’est du moins la conclusion à laquelle arrivent les chercheurs Lois Verbrugge et James House de l’Université du Michigan. D’après eux, un mariage malheureux augmente les risques de maladies de 35 % en plus d’écourter la vie d’au moins quatre ans. L’hypothèse qu’ils retiennent est que les partenaires malheureux sont plongés dans un état d’irritation physiologique permanent et diffus : ils sont donc dans un état chronique de stress physiologique et psychologique. Cette tension accélère le processus du vieillissement du corps et de l’esprit, lequel se manifeste par des désordres physiques tels l’hypertension artérielle ou différents problèmes cardiaques et par des symptômes psychiques tels l’anxiété, la dépression, la violence, les toxicomanies…

Une union malheureuse augmente les risques de maladies en plus d’écourter la vie d’au moins quatre ans.

Dans les couples heureux, ces diverses affections sont moins fréquentes parce que chaque conjoint prendrait davantage soin de la santé de l’autre et serait plus présent lors de maladies du partenaire pour surveiller sa prise de médicaments. Les conjoints heureux se préoccuperaient aussi davantage de leur alimentation et de leur condition physique.

Les secrets des couples heureux

D’après John Gottman et son équipe de psychologues, dont les résultats de recherches ont été publiés dans Les couples heureux ont leurs secrets1, l’explication serait que le bonheur conjugal renforce le système immunitaire. Leurs études ont démontré que les globules blancs des femmes et des hommes heureux se multiplient plus rapidement que ceux des membres des couples malheureux. De plus, les personnes vivant en couple heureux posséderaient plus de cellules tueuses que les autres. Les cellules tueuses sont celles qui éliminent les cellules endommagées ou dénaturées. Il faut aussi savoir que les caresses réciproques (baisers, massages…) et les activités sexuelles chaleureuses, en stimulant la peau, stimulent aussi le cerveau et en ralentit le vieillissement.

Certaines études faites depuis 1998 par le psychologue étatsunien Martin Séligman, considéré comme le père de la psychologie positive, parle même d’une augmentation de 6 à 9 ans d’espérance de vie si le ratio est de 5 à 6 échanges positifs pour une action négative.

D’après la psychologue française Rebecca Shakland, il y aurait 5 clés du bonheur humain que l’on soit en couple ou non :

1. Développer son aptitude à jouir de la vie, à vivre plus d’émotions positives que négatives. Et, bonne nouvelle, cela s’apprend et se développe ;

2. Savoir s’adapter aux événements de la vie, aux coups durs, au stress en contrôlant son monologue intérieur (la résilience de Cyrulnik) ;

3. Arriver à un équilibre émotionnel où l’on gère aussi bien nos émotions positives que négatives ;

4. Développer une appartenance sociale. D’après Seligman, la chaleur des relations humaines seraient l’un des deux principaux piliers du bonheur avec la gratitude envers les gens qui nous entourent; et
  
5. Veiller à notre bienêtre spirituel, qui correspond à un sentiment d’appartenance à une réalité plus grande que soi et au fait de trouver un sens à sa vie.

Les couples heureux passent par les mêmes étapes, les mêmes confrontations, les mêmes moments difficiles que tous les autres, mais ils réagissent différemment aux situations conflictuelles : ils n’entretiennent pas les différends et apprennent rapidement à accepter les différences. Au contraire des couples malheureux, ils désamorcent les sources de tension et développent des stratégies de rapprochement. Les couples heureux sont ceux dans lesquels chacun des partenaires ne fait pas porter sur l’autre la responsabilité des tensions et des conflits imprévisibles qui vont surgir, mais qui vont accepter que le couple soit un lieu privilégié pour vivre des crises qui vont permettre à chacun de grandir. Autrement dit, ils ne se font pas de problèmes avec leurs problèmes.

Le couple heureux est un couple où les besoins relationnels de chacun, même si différents, sont entendus, respectés et comblés. Les membres d’un couple heureux savent que l’on peut s’aimer même dans le désaccord. C’est pourquoi ils acceptent d’être influencés par l’autre au lieu de vouloir s’imposer à l’autre, ce qui ne peut que provoquer résistance, défensive et tensions de toutes sortes si nuisibles à la santé physique, émotive et mentale.

Parents heureux – Enfants heureux

En plus des bienfaits pour le couple lui-même, les enfants des couples heureux sont moins exposés à la dépression, moins sujets à l’absentéisme scolaire, sont plus facilement acceptés par leurs pairs et souffrent moins de problèmes de comportement (agressivité, hyperactivité…) et d’échecs scolaires. Et, avantage supplémentaire, ils augmentent leurs probabilités de former à leur tour des couples heureux.

Nourrir sa relation conjugale est donc excellent pour la santé physique et mentale et pour l’avenir de nos enfants et de notre société.

 

Références:

1. John M. GOTTMAN est professeur de psychologie à l'université de Washington. Il a fondé, avec son épouse, le Seattle Marital and Family Institute et est considéré comme l'expert du couple aux États-Unis. Pour ce livre, Les couples heureux ont leurs secrets, il s'est associé à Nan SILVER, qui a été journaliste avant de devenir écrivain.