L’engouement pour le rire commence avec Norman Cousins, journaliste américain et pionnier de l’effet placébo et de la psycho-neuro-immunologie. Durant les années 70, Monsieur Cousins est atteint d’une maladie incurable: la spondylarthrite ankylosante. Au lien de rester dans l’environnement dépressif de l’hôpital, il décide de contrer la morosité négative induite par un pronostic sombre incurable en déménageant ses pénates de l’hôpital vers un hôtel où il écoute des films drôles et se gave de vitamine C. Contre toute attente, il vient à bout de sa maladie. Son exploit l’amène à effectuer des recherches et à enseigner à la faculté de médecine de UCLA (University of California Los Angeles). En plus de ses activités de journaliste et d’activiste pour la paix et contre l’armement nucléaire, il enseigne donc dans le département de Medical Humanities et travaille sur la biochimie des émotions, ce qui le mène à une approche novatrice qu’il nommera psycho-neuro-immunologie.

Le simple fait de rire diminue la pression sanguine, cause une libération d’endorphines et améliore le système immunitaire.

Vient ensuite, sans aucune relation géographique ou philosophique, Madan Kataria, un médecin de Mumbai, en Inde. Il se penche sur les bienfaits physiologiques et psychologiques du rire sous toutes ses formes. Il constate, un peu comme Cousins, que le simple fait de rire diminue la pression sanguine, cause une libération d’endorphines et améliore le système immunitaire. Il est tellement emballé par ses découvertes qu’il veut les partager avec le plus grand nombre. En 1995, il crée donc un club du rire, dans un parc de Mumbai. Lors de ses premières expériences, il tente de faire rire à l’aide de blagues. C’est un échec. Les blagues tournent toujours autour des mêmes sujets et ne font rire qu’une minorité. Il conçoit donc une approche novatrice qu’il nomme le yoga du rire (laughter yoga). Madan Kataria s’aperçoit alors que l’humour, le drôle, n’est pas nécessaire pour entraîner les bienfaits du rire. De simples exercices de respiration, comme des sons saccadés, déclenchent le rire spontané et catalysent ses bienfaits. «On ne rit pas parce qu’on est heureux. On est heureux parce qu’on rit!» dira-t-il. On dénombre maintenant au-delà de 6000 clubs de yoga du rire répartis dans plus de 60 pays. Au Québec et en Europe francophone, on compte plusieurs de ces groupes d’hilarité volontaire.

Les bienfaits du rire

Le rire nous distingue de l’animal, disaient Aristote et de nombreux de philosophes après lui. Peu importe comment ou pourquoi on rit, une séance de rire, comme n’importe quelle activité physique, apporte une sensation de bien-être. Mais ce n’est pas tout.

Le rire enclenche 

  • Une réduction du stress
  • Un effet analgésique (Norman Cousins disait que 30 minutes de rire lui procuraient 2 heures de sommeil sans douleur)
  • Une amélioration de l’immunité
  • Une appréciation de l’équilibre psychologique
  • Une amélioration de l’apparence (les rides de rire sont nettement plus attrayantes que celles associées à la tristesse ou au mauvais caractère!)

Les études

Deux études cliniques ont montré que le rire augmente l’activité des cellules tueuses (NK). Le rire joyeux améliore également le taux de stress. Les auteurs font le lien entre un faible taux de NK, une diminution de la résistance aux maladies et une augmentation de la morbidité des personnes atteintes de cancers et de HIV. Le rire peut donc être une thérapie cognitivo-comportementale digne d’intérêt.

D’autres chercheurs ont évalué l’effet de 3 types de films (holocauste, neutre ou humoristique) sur la perception de la douleur. Les films drôles ont amélioré la tolérance à la douleur et cet effet est proportionnel à la durée du film.

Dans une série d’articles fort intéressants, Mary Payne Bennett et Cecile Lengacher ont couvert la recherche et les impacts santé du rire et de la rigolothérapie. Selon leurs recherches, le rire équivaut à une activité aérobique de moyenne intensité sur le cœur et la circulation sanguine. Le rire induit une relaxation qui dure jusqu’à 45 minutes. Le rire aide à traiter l’anxiété et les désordres associés et réduit le taux de cortisol, hormone de stress chronique. De plus, il augmente la réponse immunitaire mesurée. Le rire est donc un outil de prévention et de traitement de la maladie au sens le plus large. Les travaux du médecin-clown Patch Adams vont également dans ce sens.

«C’est un privilège d’être en vie et il faut s’en réjouir à chaque instant. Ne marinez pas dans l’attente d’un bonheur prochain. Les conditions optimales ne viendront peut-être pas.» Patch Adams

En terminant, j’aimerais citer Eric Duquette, un étudiant américain qui n’a rien de spectaculaire à première vue. Il est diplômé de la promotion 2010 du High School de SmithField au Rhode Island. Rien de particulier, sauf que… il est autiste. Voici un petit extrait de son discours de graduation:

“Never underestimate the power of a smile. … do not allow yourself or others to be defined by your limitations but rather your abilities.” — Eric Duquette, Smithfield Rhode Island, 2010 Traduction libre: «Ne sous-estimez jamais la puissance d’une sourire… Ne laissez personne, ni vous-même ni les autres, vous définir par vos limitations, mais plutôt par vos capacités.»

Il est facile de se voir dépasser par les évènements, par le superflu. N’oubliez pas qu’un sourire en appelle un autre.